Publications /
Opinion

Back
Perspectives gazières du Maroc : où en est le projet ‘’Anchois’’ ?
Authors
September 9, 2022

Au cours des dernières années, les découvertes d’hydrocarbures au Maroc ont été plutôt gazières que pétrolières. De plus, ces découvertes sont en général de petite taille. La plus intéressante de ces découvertes à ce jour est Anchois, qui est située sur le permis marin de Lixus Offshore au large de la ville de Larache. Ce permis est détenu depuis 2019 par Chariot Limited (75 %), une entreprise basée à Guernesey, et par l’Office National des Hydrocarbures et des Mines (Onhym – 25 %), la société nationale du Maroc. Chariot est l’opérateur de Lixus, dont la superficie est de 1 794 km².

Une découverte qui remonte à 2009 et qui a été confirmée au début 2022

La découverte remonte en fait à 2009, avec le puits d’exploration Anchois-1. En décembre 2021, Chariot a foré le puits Anchois-2, qui était à la fois un puits d’appréciation et d’exploration. Cela signifie que ce forage avait un double objectif : évaluer les ressources gazières découvertes (appréciation) et examiner le potentiel d’autres zones (exploration). Anchois-2 a été un succès : l’épaisseur de la zone productrice nette est évaluée à 150 mètres (55 mètres pour le puits Anchois-1) et les deux partenaires envisagent depuis le développement du champ gazier Anchois.

En juillet 2022, Chariot a fait état de nouvelles estimations sur les ressources gazières d’Anchois. Ces chiffres proviennent d’une entreprise spécialisée dans ce domaine, Netherland Sewell & Associates, Inc. (NSAI, Texas). Les ressources ‘’contingentes’’ (éventuelles) d’Anchois sont à présent évaluées à 637 milliards de pieds cubes (637 Gp.c.) de gaz, soit 18 milliards de mètres cubes, les ressources ‘’prospectives’’ à 754 Gp.c. (21,35 milliards de mètres cubes) et les ressources récupérables restantes à 1 391 Gp.c. (39,4 milliards de mètres cubes), soit la somme des ressources contingentes et prospectives (les chiffres qui viennent d’être cités correspondent à la meilleure estimation. Ce ne sont pas les hypothèses basses ou hautes qui ont été retenues ici). Ces ressources récupérables représentent la production annuelle d’un pays comme l’Argentine ou comme le sultanat d’Oman (environ 40 milliards de mètres cubes par an pour chacun).

NSAI a aussi donné des estimations pour l’ensemble du permis de Lixus et pour celui de Rissana Offshore (8 490 km²) qui entoure Lixus. Rissana a été attribué à Chariot/Onhym au début de 2022. Mais ces estimations (ressources récupérables restantes de 4 600 Gp.c. pour Lixus, soit 130,25 milliards de mètres cubes) ne reposent pas sur des forages et leur degré de fiabilité est donc assez faible.

Si nous en restons au champ gazier d’Anchois, il faut noter que nous n’avons pas encore des estimations de réserves. Le concept de réserves se définit à partir de trois critères clés : il y a eu une ou des découvertes, les volumes d’hydrocarbures sont techniquement récupérables et leur exploitation serait rentable. Les ressources contingentes ne sont pas actuellement considérées comme commerciales (rentables) mais pourraient le devenir. Les ressources prospectives sont les quantités d’hydrocarbures qui sont considérées comme potentiellement récupérables à partir d’accumulations non découvertes. Cette seconde catégorie est donc très spéculative puisqu’il n’y a pas eu de découvertes.

‘’Anchois’’ pourrait entrer en production en 2024 ou en 2025

Chariot entend accélérer le futur développement d’Anchois en vue d’une mise en production ‘’aussi vite que possible’’. Chariot et l’Onhym travaillent donc sur tous les aspects de ce projet et sur le plan de développement afin de parvenir à la décision finale d’investissement (DFI). Un contrat pour des études détaillées d’avant-projet (front-end engineering and design ou FEED dans le jargon professionnel) a été attribué. Chariot veut, par ailleurs, explorer d’autres cibles intéressantes (appelées ‘’prospects’’) sur le permis Lixus Offshore. Trois prospects ont ainsi été identifiés. Un autre objectif du consortium consiste à étudier le potentiel du permis Rissana Offshore.

Même s’il convient de rester prudent à ce stade sur l’ampleur des réserves futures de gaz d’Anchois et du permis Lixus (comme indiqué ci-dessus, on peut parler pour l’instant de ressources et pas encore de réserves), le projet de développement repose sur quelques atouts clés, dont la proximité du gazoduc Maghreb-Europe (GME). Ce gazoduc relie l’Algérie à la péninsule ibérique en passant par le Maroc mais la section algérienne a été fermée à partir du 1er novembre 2021, un peu plus de deux mois après la rupture des relations diplomatiques entre Alger et Rabat. L’Espagne et le Maroc se sont entendus pour utiliser une partie du GME dans l’autre sens, c’est-à-dire de l’Espagne vers le Maroc. Cette utilisation a été effective pour la première fois à la fin juin 2022, ce qui a permis au Maroc d’importer du gaz naturel à partir de gaz naturel liquéfié (GNL) arrivé en Espagne où il a été regazéifié. Chariot estime aujourd’hui qu’Anchois pourrait entrer en production en 2024 ou en 2025.

 

  

 Les opinions exprimées dans ce texte n’engagent que leur auteur.

 

 

RELATED CONTENT

  • Authors
    Chami Abdelilah
    Derj Atar
    Hammi Ibtissem
    Morazzo Mariano
    Naciri Yassine
    with the technical support of AFRY
    July 29, 2021
    As decarbonization is a long-term process and requires significant investments, specific financial and non- financial measures will need to be implemented, both in the short and long term, to facilitate this transition. In Part II of Morocco’s decarbonization pathway Policy Brief series, an update of the decarbonization scenarios was presented. It revealed that the Increased Ambition and Green Development scenarios achieve higher decarbonization targets than current policy. It showe ...
  • Authors
    Chami Abdelilah
    Derj Atar
    Hammi Ibtissem
    Morazzo Mariano
    Naciri Yassine
    with the technical support of AFRY
    July 23, 2021
    La décarbonisation est un processus à long terme qui nécessite des investissements importants. Ainsi, des mesures financières et non financières spécifiques devront être mises en œuvre, à la fois à court et à long termes, pour faciliter cette transition. Dans la deuxième partie de la série de Policy Briefs sur la trajectoire de décarbonisation du Maroc, une mise à jour des scénarios de décarbonisation a été présentée. Elle révèle que les scénarios « Ambition accélérée » et « Dévelop ...
  • Authors
    Chami Abdelilah
    Derj Atar
    Hammi Ibtissem
    Morazzo Mariano
    Naciri Yassine
    with the technical support of AFRY
    July 19, 2021
    Morocco's significant renewable energy resources offer an unprecedented opportunity to anchor the country’s economic and political choices in the energy transition, and to turn the transition into an essential lever for economic development. This is all the more relevant as the costs of renewable energies have dropped over the past 10 years2, and now offer strong potential, not only for creating green jobs but for ensuring a dynamic and resilient economic growth as well. In 2020, ne ...
  • Authors
    Chami Abdelilah
    Derj Atar
    Hammi Ibtissem
    Morazzo Mariano
    Naciri Yassine
    with the technical support of AFRY
    July 9, 2021
    Les importantes ressources en énergies renouvelables du Maroc offrent une opportunité sans précédent d’ancrer les choix économiques et politiques du pays dans la transition énergétique, et de faire de cette transition un levier essentiel du développement économique. Ceci est d’autant plus important que le coût des énergies renouvelables a baissé au cours des 10 dernières années2 et présente désormais un fort potentiel, non seulement de création d’emplois verts mais aussi de croissan ...
  • Authors
    Chami Abdelilah
    Derj Atar
    Hammi Ibtissem
    Morazzo Mariano
    Naciri Yassine
    with the technical support of AFRY
    July 9, 2021
    Les conséquences du changement climatique sont de plus en plus visibles au Maroc. Le schéma changeant des précipitations et de la sécheresse, l'augmentation des températures moyennes et des canicules, les inondations et l'augmentation du niveau de la mer affectent de plus en plus de nombreuses régions. Et pourtant, le taux d'émission de gaz à effet de serre (GES) du Maroc est relativement faible, comparé à celui d'autres pays. En 20162, les émissions totales de GES du Maroc ont atte ...
  • Authors
    Chami Abdelilah
    Derj Atar
    Hammi Ibtissem
    Morazzo Mariano
    Naciri Yassine
    with the technical support of AFRY
    July 9, 2021
    The consequences of climate change are becoming progressively more visible in Morocco. Changes in rainfall patterns and drought, increases in average temperatures and heatwaves, flooding, and rising sea levels are increasingly affecting several regions. Yet, Morocco has a relatively low greenhouse gas (GHG) emission rate, compared to other countries. In 20162, Morocco’s total GHG emissions reached 86127.7 gigagram of carbon dioxide equivalent (Gg CO2-eq), totaling around 0.2% of glo ...
  • Authors
    Chami Abdelilah
    Derj Atar
    Hammi Ibtissem
    Morazzo Mariano
    Naciri Yassine
    with the technical support of AFRY
    June 28, 2021
    Lors de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) qui s'est tenue à Paris en 2015, les gouvernements se sont engagés à limiter l'augmentation de la température mondiale à un niveau bien inférieur à 2°C par rapport aux niveaux préindustriels. Ils se sont également engagés à atteindre, dès que possible, un pic de leurs émissions et à parvenir à la neutralité carbone au cours de la seconde moitié du siècle. Pour autant, m ...
  • Authors
    Chami Abdelilah
    Derj Atar
    Hammi Ibtissem
    Morazzo Mariano
    Naciri Yassine
    with the technical support of AFRY
    June 28, 2021
    During the 2015 Paris Conference of the Parties to the United Nations Framework Convention on Climate Change (UNFCCC), governments pledged to limit the global temperature increase to well below 2°C above pre- industrial levels, to peak emissions as soon as possible, and to achieve carbon neutrality in the second half of the century. Yet, even assuming full implementation of the commitments made by governments in Paris, the global concentration of greenhouse-gas (GHG) emissions will ...
  • June 2, 2021
    Otaviano Canuto, Policy Center for the New South The conceptual framework of natural wealth that we approached in the previous video may be illustrated with cases drawn from Sub-Saharan Africa. With at least 250 million inhabitants in resource-rich African countries, natural assets are ...
  • Authors
    In collaboration with Chelsea Johnson
    May 19, 2021
    Africa is endowed with abundant mineral resources, including gold, silver, copper, uranium, cobalt, and many other metals which are key inputs to manufacturing processes around the world. The mining and extractive sector has contributed and continues to contribute a significant share of Africa’s exports, revenue and GDP annually. In 2019, minerals and fossil fuels accounted for over a third of exports from at least 60% of African countries. Additionally, 42 out of 54 African countri ...