Publications /
Opinion

Back
Covid-19 et circulation transfrontière Les citoyens du Sud doivent s’attendre au pire
Authors
April 17, 2020

Mondialisation oblige, les frontières se trouveront en tête des préoccupations mondiales en temps de pandémie. Un dilemme se pose entre :

- D’une part, le souci, pour chaque pays, de se protéger contre la dissémination du virus provenant des pays les plus touchés ;

- d’autre part, le souci de préserver l’ouverture aux autres Etats du monde, nécessaire à la survie de l’économie en raison de l’interdépendance accentuée par la mondialisation.

La circulation des personnes, fonction par excellence des frontières, a été le premier domaine révisé par quasiment l’ensemble des Etats du monde, dès que la menace du Covid-19 s’est précisée à la mi-février 2020 :

- Les premières mesures ont consisté en un contrôle de la température des voyageurs avant leur accès par les ports ou aéroports ;

- les lignes aériennes et maritimes de transport de passagers ont été, d’abord partiellement, et, ensuite quasi-totalement, mises en berne, clouant les flottes aériennes au sol et maritimes dans leurs ports d’attache et transformant ports et aéroports en espaces déserts.

- les Etats ont charterisé avions et navires pour rapatrier leurs ressortissants bloqués dans des pays étrangers ;

- les passages frontaliers terrestres ont été, pour une grande partie, fermés à la circulation des personnes ;

- les seuls trafics internationaux épargnés sont les mouvements de fret et de marchandises.

 La mobilité des personnes après la pandémie

La pandémie avait conforté la mondialisation dans son action la plus critiquée – surtout par les pays du Sud- celle qui consiste à encourager au maximum la circulation des biens en restreignant au maximum la circulation des personnes, principalement du Sud vers le Nord. Le Covid-19 a cependant nivelé la question, en interdisant la circulation des personnes dans les deux sens.

S’agit-il d’un panorama provisoire qui disparaîtra dès la fin de la pandémie, ou est-ce que la notion de circulation transfrontières des personnes changera de signification et de paramètres même après la crise du Coronavirus ?

A première vue, il est fort probable que la crise pandémique actuelle ne changerait rien au régime de la circulation transfrontière des personnes. Plusieurs pays du Sud ne peuvent prétendre à l’exigence d’une réciprocité dans ce domaine. Ils sont tellement dépendants des pays du Nord qu’ils se suffisent d’un régime de compensation qui veut qu’ils reçoivent certains avantages en contrepartie d’un libre accès à leurs territoires pour les ressortissants des pays nantis. De plus, plusieurs pays du Sud dépendent du tourisme comme source de revenus et ne peuvent, donc, prendre aucune mesure de restriction face à leurs clients du Nord.

Nouvelle catégorisation des pays du Sud !

Les pays du Sud se verraient, par contre, imposer plus de restrictions, surtout durant les premiers mois de la reprise après la Coronavirus. Aux visas et autres restrictions déjà existantes et généralisées imposées aux ressortissants du Sud pour leurs voyages dans le Nord, s’ajouteraient celles concernant la santé. Des certificats et attestations de vaccination, des visites médicales, voire mêmes des analyses récentes, peuvent être ajoutées à l’arsenal des contraintes imposées par les pays du Nord à ceux qu’ils qualifient comme source de la migration.

Les frontières ont réciproquement servi de rempart et de bouclier entre tous les Etats du monde lors de cette pandémie ; même dans les espaces ou la libre circulation semblait avoir acquis des droits inaliénables. Seront-elles ré-ouvertes à la fin de la crise et dans quelles conditions ?

Si une reprise est très probable entre Etats du Nord, il semblerait quasi utopique d’espérer un quelconque changement dans le statut de circulation transfrontière des ressortissants du Sud vers le Nord. Les conditions seront même plus sévères.

N’assisterons-nous pas, également, à une sorte de différenciation par les pays du Nord vis-à-vis des pays du Sud, en accordant plus de facilités à ceux ayant maitrisé la gestion du fléau. La pandémie nous laisserait, dans ce cas, avec un Sud du Sud constitué de pays qui n’auront pas été assez résilients pour reprendre leur fonctionnement normal au même niveau d’avant Corona. Cette catégorie subirait une double peine. Celle infligée par la pandémie et celle que lui coûtera le boycott des investisseurs et des touristes du Nord.

RELATED CONTENT

  • Authors
    September 16, 2022
    From the perspective of international human rights law, the right to health is important with respect to the international COVAX vaccine-supply scheme. Although many States with sufficient resources have prioritized access to future vaccines through bilateral agreements with vaccine manufacturing companies over multilateral cooperation between States, it is almost universally believed that only multilateralism would enable the eventual eradication of COVID-19 from the world. There ...
  • April 25, 2022
    Retrouvez en exclusivité l’interview de Abdelhak Bassou, Senior Fellow au Policy Center for the New South, qui se livre à Helmut Sorge, Columnist au Policy Center for the New South, au sujet des multi-disparités présentes en Afrique. Abdelhak Bassou est l’auteur du Chapitre 5 du rapport...
  • Authors
    Alessandro Minuto-Rizzo
    Bernardo Sorj
    Frannie Léautier
    Iskander Erzini Vernoit
    Kassie Freeman
    Nathalie Delapalme
    J. Peter Pham
    March 7, 2022
    The COVID-19 pandemic has had a huge impact on the global economy and has challenged the best minds to rethink how to design and implement an effective recovery. Countries in the wider Atlantic region have exhibited differential trajectories in traversing the pandemic. A number of countries in Europe succeeded in vaccinating most of their eligible populations, enabling life to return somewhat to normal. A smaller group of countries in Europe could manage infection rates even more ti ...
  • Authors
    Isabelle Saint-Mézard
    Françoise Nicolas
    March 7, 2022
    Due to historical as well as geographical reasons, India and East Africa have long been close partners. In the recent period however, and even more so since the early 2000s, these ties have tightened as a result of combined efforts by the government of India and its business community. The presence of communities of Indian origin in several East African countries has also acted as a catalyst. East Africa is perceived as a valuable partner both by Indian authorities and by Indian pr ...
  • Authors
    Sabine Cessou
    February 25, 2022
    Première grande annonce du 6e sommet entre l’Union européenne (UE) et l’Union africaine (UA) qui s’est tenu à Bruxelles les 17 et 18 février : six pays, l'Afrique du Sud, l'Égypte, le Kenya, le Nigeria, le Sénégal et la Tunisie, ont été sélectionnés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) – et non par l’UA, ni par l’UE - pour lancer la production de vaccins en Afrique. L’objectif consiste à faire face au coronavirus, mais aussi à d'autres maladies telles que le paludisme (av ...
  • Authors
    February 3, 2022
    His message was one of reassurance, just as a great leader has to react in a crisis. The concerns about Covid 19 was nothing but “a frenzy and psychosis”. The President knew the secret to defeat the virus: vodka, sauna, tractor. Didn’t a US president named Donald Trump suggest  that toilet cleaning disinfectants chase the virus out of infected lungs on national television? (New York Times, April 24, 2020) That was Trump-speak, sure, but the man who uttered the tractor/vodka/nonsense ...
  • Authors
    December 6, 2021
    Between January 2020 and June 2021, the world spent about US $16.5 trillion (18% of world GDP) to fight COVID-19, and this amount does not even include the most important losses such as deaths, mental health effects, restrictions on human freedom, and other nonmonetary suffering. Nearly 90% of this amount was spent by developed economies; the rest by emerging market and developing economies. Low-income countries spent just US $12.5 billion, or less than 0.0001% of the total. Moreove ...
  • Authors
    October 11, 2021
    The current global pattern of democratic retrenchment has multiple causes, including economic inequality, American imperial overreach, and increased migration, all of which have led to disillusionment with democratic systems, and inspired a populist demand for populist leaders. This populist wave has also led to the personalization of political regimes, democratic and authoritarian, with power highly concentrated in the hands of a single individual, as seen in Turkey, Philippines, P ...
  • September 13, 2021
    When Argentina’s President Alberto Fernandez tested positive for COVID-19 on his 62nd birthday, April 2, 2021 it might not have seemed unusual when there have been almost 200 million cases worldwide. But the leader of Argentina received two doses of the Russian vaccine Sputnik V, on January and in February 2021, a virus terminator advertised by Moscow as potent like almost no other on the globe, with an efficiency rate given by Russia’s Gamaleya Institute at 96.1%. The risk of infec ...