Publications /
Opinion

Back
Afrique : un très faible poids sur la scène énergétique mondiale
Authors
August 29, 2022

L’Afrique représente environ 3 % du produit intérieur brut mondial. Il n’est donc pas surprenant que le poids du continent dans le secteur de l’énergie soit très faible, compte tenu des liens très étroits entre économie et énergie. Selon la dernière édition de la BP Statistical Review of World Energy, publiée en juin 2022 et portant sur l’année 2021, la part de l’Afrique dans la consommation mondiale d’énergie primaire était de 3,4 % l’an dernier (a) (b). Le continent, qui représente de l’ordre de 18 % de la population mondiale en 2022, n’a généré que 3,8 % des émissions de CO2 liées à l’énergie en 2021.  

Une dépendance très forte des énergies fossiles

L’Afrique est très fortement dépendante des énergies fossiles. La part de celles-ci (pétrole, gaz naturel et charbon) dans sa consommation d’énergie primaire était de 90 % en 2021, contre 83 % pour l’ensemble du monde. La première énergie consommée est le pétrole, comme pour l’ensemble du monde, mais la part de cette source dans la consommation d’énergie de l’Afrique est nettement supérieure à la moyenne mondiale (39 % contre 31 %). Le gaz naturel est la source d’énergie la plus consommée sur le continent (part de près de 30 %), après le pétrole alors qu’il se classe au troisième rang au niveau mondial après le pétrole et le charbon. La part des hydrocarbures (pétrole et gaz naturel) est de 69 %, soit nettement plus que la moyenne mondiale (environ 56 % de la consommation d’énergie primaire). Par contre, celle du charbon est inférieure à cette moyenne (21 % contre 27 %). La part de l’hydroélectricité (7 %) est très proche de la moyenne mondiale. Mais le poids des énergies renouvelables et du nucléaire est beaucoup plus faible en Afrique, avec moins de 3 % pour les deux, contre 11 % pour l’ensemble du monde.

Pour la consommation de pétrole et de gaz, la part de l’Afrique dans le total mondial est de 4,1 % pour chacune de ces deux énergies. Pour l’hydroélectricité et le charbon, les chiffres correspondants sont de 3,6 % et de 2,6 %. Pour les énergies renouvelables et le nucléaire, la part de l’Afrique ne dépassait pas 1,2 % et 0,4 % respectivement. Les pourcentages sont parfois plus élevés pour la production : l’Afrique représentait l’an dernier 8,1 % de la production pétrolière mondiale et 6,4 % de celle de gaz naturel. Mais, en dehors des hydrocarbures, les parts de l’Afrique sont à nouveau très faibles : 3,6 % de la production mondiale de charbon et 1,3 % de celle d’énergies renouvelables. Pour la production d’électricité, qu’elle qu’en soit la source (centrales thermiques classiques, centrales nucléaires, centrales hydroélectriques, centrales solaires, parcs éoliens), la part de l’Afrique était de 3,2 % en 2021. Il n’est évidemment pas surprenant que l’Afrique joue un rôle très faible dans l’industrie nucléaire mondiale. Par contre, le potentiel du continent en matière d’énergies renouvelables hors hydroélectricité est considérable, notamment pour le solaire, l’éolien et la biomasse, et il n’est que très peu utilisé.

10% à 11% des exportations de brut/produits raffinés et de GNL

C’est pour les exportations d’hydrocarbures de l’Afrique que l’on trouve des chiffres égaux ou supérieurs à 10 % du total mondial. En 2021, la part de l’Afrique dans les exportations pétrolières mondiales était de 10 % (dont 13,5 % pour le pétrole brut). Pour les exportations de gaz naturel liquéfié (GNL – Nigeria, Algérie, Egypte et Angola principalement), elle atteignait 11,3 %.

Parmi les statistiques sur l’énergie publiées par BP, il y a un domaine dans lequel l’Afrique représente quasiment 20 % du total mondial. Mais ce n’est malheureusement pas une bonne nouvelle. Il s’agit du brûlage du gaz naturel, qui est à la fois un gaspillage économique, une source de pollution locale et une contribution à l’effet de serre responsable du changement climatique. Une autre mauvaise nouvelle est que les volumes de gaz brûlés à la torche en Afrique n’ont pas vraiment diminué dans les dix dernières années. Pour terminer cependant sur une note un peu plus optimiste, la part de l’Afrique dans les volumes de gaz brûlés dans le monde était de 27 % en 2011. Elle a donc significativement baissé dans les dix dernières années.

1. Tous les chiffres cités dans ce texte proviennent de la BP Statistical Review of World Energy 2022 et portent sur l’année 2021.

2. La consommation mondiale d’énergie primaire comprend les énergies qui font l’objet d’un commerce.   

 

Les opinions exprimées dans ce texte n’engagent que leur auteur.

RELATED CONTENT

  • Authors
    May 12, 2025
    On April 17, 2025, British oil and gas giant BP announced the export of the first cargo of liquefied natural gas (LNG) from offshore resources shared by Senegal and Mauritania. For the first time in their history, both countries have become LNG exporters. This milestone follows a series of pivotal developments in the region’s hydrocarbon sector. In late December 2024, offshore gas production began. By February 2025, LNG production had commenced. Earlier still, in June 2024, Senegal ...
  • Authors
    May 6, 2025
    Le 17 avril 2025, le géant britannique BP a annoncé qu’une première cargaison de gaz naturel liquéfié (GNL) avait été exportée à partir de ressources gazières exploitées au large du Sénégal et de la Mauritanie. Ces deux pays sont devenus, pour la première fois dans leur histoire, des exportateurs de GNL. Précédemment, il y avait eu trois autres dates particulièrement marquantes dans la valorisation des hydrocarbures dans cette zone. Fin décembre 2024, la production de gaz naturel of ...
  • May 2, 2025
    This Opinion was originally published in Project Syndicate As the US-China rivalry intensifies, both powers are courting mineral-rich African countries in an effort to secure critical raw materials. Translating Africa's vast natural-resource wealth into lasting development requires an infrastructure-led strategy that delivers long-term value for local communities. ...
  • March 14, 2025
    Les minerais critiques sont des ressources essentielles pour les technologies modernes, notamment dans les secteurs de l'énergie verte, de l'électronique et des transports. Ils sont considérés comme "critiques" en raison de leur importance stratégique et de leur disponibilité limitée, s...
  • December 20, 2024
    Ce papier a été initialement publié sur legrandcontinent.eu   À bas bruit, plusieurs pays africains sont en train de monter dans la chaîne de valeur des véhicules électriques. Terrain de bataille de la rivalité sino-américaine sur les matières critiques, l’Afrique pourrait trouver dans la nouvelle fragmentation mondiale des chaînes d’approvisionnement une opportunité. Étude de cas depuis la République démocratique du Congo. Les perturbations successives des chaînes d’approvisionn ...
  • December 20, 2024
    Este artículo se publicó originalmente en legrandcontinent.eu   Varios países africanos están ascendiendo silenciosamente en la cadena de valor de los vehículos eléctricos. Campo de batalla de la rivalidad sino-estadounidense por los materiales críticos, África podría encontrar una oportunidad en la nueva fragmentación mundial de las cadenas de suministro. Estudio de caso de la República Democrática del Congo. Las sucesivas perturbaciones de las cadenas de suministro durante la d ...
  • Authors
    Pierre Jacquemot
    July 23, 2024
    Le rôle du secteur halieutique dans l’alimentation du continent africain est considérable : 22 % des protéines animales disponibles viennent des produits de la mer et des eaux douces et plus de 50 % dans certains pays africains, en particulier en Afrique du Nord et de l’Ouest. Les pêches et leurs activités connexes fournissent non seulement de la nourriture, mais aussi des emplois à 12 millions de personnes, et génèrent des revenus pour les États comme pour les communautés ...
  • Authors
    July 2, 2024
    The agricultural sector is responsible for 72% of global water withdrawals, and is the biggest employer of the world’s most vulnerable and poor populations. Still, close to 84% of smallholder farms in low- and middle-income economies are located in water-scarce regions, with less than one third of them having access to irrigation (UN, 2024). These small-scale farmers also bear the heavy weight of land degradation and climate crisis. It is estimated that food production will need to ...