L’Afrique du Sud face à la recomposition de l’ordre international : érosion d’une ambition d'influence

Ce Policy Paper analyse l’érosion progressive de l’ambition d’influence internationale de l’Afrique du Sud, jadis portée par un capital symbolique exceptionnel issu de sa transition postapartheid. Il montre comment Pretoria, longtemps perçue comme une puissance morale et normative au service de la transformation continentale et multilatérale, fait désormais face à des contraintes structurelles qui fragilisent son rôle sur la scène internationale.

À partir d’un cadrage historique de sa diplomatie post-1994, il s’agit de mettre en lumière un glissement d’une politique étrangère d’initiative, construite autour de principes universalistes et de leadership africain, vers une diplomatie réactive et marquée par des logiques internes fragmentées. La montée d’une dissonance entre les discours universalistes et des pratiques d’alignement sélectif affaiblit la cohérence stratégique sud-africaine, tandis que la compétition croissante d’autres puissances africaines relativise son autorité normative.

La crise diplomatique récente avec les États-Unis constitue un révélateur aigu de cette recomposition : exposée à des rapports de force asymétriques, l’Afrique du Sud se trouve démunie face aux pressions des grandes puissances et incapable de mobiliser des solidarités africaines ou stratégiques. L’étude conclut à la nécessité pour Pretoria de repenser son ambition d’influence à l’aune de ses ressources effectives, de ses partenariats opérationnels et des nouvelles configurations du pouvoir global.