Publications /
Opinion

Back
La Banque africaine de développement se mobilise face au coronavirus
Authors
Leila Farah Mokaddem
April 24, 2020

Alors que les pays africains semblaient être épargnés par le coronavirus en début de crise, il apparait clairement aujourd’hui que ces derniers souffriront également des retombées négatives de cette pandémie. Compte tenu du nombre de cas relativement bas en comparaison avec les autres régions du monde, les systèmes de santé ne sont pas encore soumis à la pression observée ailleurs mais cela ne saurait tarder.

Cependant, les effets négatifs sur l’économie sont eux déjà largement perceptibles et n’ont pas manqué de causer à plusieurs systèmes économiques africains de se remettre en cause. Il semblerait que les conséquences sur l’économie pourraient peser plus lourd que celles sur la santé dans la crise du Covid-19. Soutenus par le président français, les pays africains ont demandé une annulation de la dette afin de pouvoir assurer une bonne gestion de crise au moment où ces derniers se sont vus attribuer un moratoire de dette par les pays du G20. Alors que les organisations internationales tentent de trouver des solutions appropriées au contexte de crise actuelle, il est important d’analyser la réponse de la Banque africaine de développement (BAD) dans le soutien qu’elle offre au continent. C’est dans cette perspective que le Policy Center for the New South a interrogé Leila Farah Mokadem, la Représentante résidente de la Banque africaine de développement au Royaume du Maroc sur les mesures prises par la BAD pour faire face à la crise liée au coronavirus en Afrique.

  1. Quel est l’impact de la pandémie de Covid-19 sur l’Afrique ?

Plus que jamais, l’Afrique fait face à une crise de première ampleur. Ses impacts sont multiples.

Nos prévisions indiquent une baisse du PIB continental de 22,1 milliards de dollars, selon un scénario de référence, ou de 88,3 milliards de dollars, dans le scénario le plus pessimiste.

Les pays africains verront ainsi leurs marges de manœuvre budgétaire davantage se réduire avec des déficits budgétaires qui devraient augmenter de 3,5 à 4,9 points de pourcentage. Ces évolutions affecteront la capacité des États du continent à lutter efficacement contre l’épidémie de coronavirus.

  1. Quelle a été la réponse de la Banque africaine de développement face à cette crise ?

C’est une crise inédite qui appelle une réponse à la hauteur des enjeux. Une réponse que nous avons articulée en trois phases dans un laps de temps de deux semaines.

Dans un premier temps, la Banque a émis, le 27 mars dernier, l’emprunt obligataire social « Combattre le Covid-19 » d’un montant record de trois milliards de dollars. Il s’agit du plus grand emprunt social émis sur le marché international des capitaux.

Le mercredi 1er avril, la Banque a approuvé une aide d’urgence Covid-19 pour soutenir les interventions de l’Organisation mondiale de la santé en Afrique. Cette dernière permettra de consolider les capacités de prévention, de test et de traitement dans 41 pays africains. Elle renforcera également les systèmes de surveillance, contribuera à assurer l’approvisionnement et la distribution des tests et réactifs de laboratoire et soutiendra les mécanismes de coordination nationaux et régionaux.

La troisième phase de la réponse a été mise en œuvre le 8 avril. La Banque a créé un fonds de 10 milliards de dollars pour accompagner les gouvernements et les acteurs du secteur privé africains dans la lutte contre la propagation du Covid-19 sur le continent : 5,5 milliards de dollars seront ainsi destinés aux projets souverains dans les pays à revenu intermédiaire ; 3,1 milliards de dollars financeront les opérations souveraines et régionales destinées à soutenir les pays fragiles et 1,35 milliard de dollars supplémentaire bénéficiera au secteur privé.

  1. Dans cette perspective, comment intervient la Banque au Maroc ?

Malgré l’annulation des réunions, des missions et des évènements, nos équipes au Maroc sont totalement mobilisées. Aux côtés des autorités, nos services restent pleinement opérationnels pour aider à contenir la propagation du virus et à en atténuer les répercussions économiques et sociales.

En ces temps difficiles, je peux vous dire que l’excellence de notre partenariat avec le Royaume est un véritable actif pour préserver les conditions d’une croissance durable et inclusive. Nous le ferons en redonnant des marges de manœuvre budgétaire au pays, en soutenant les très petites et moyennes entreprises et en appuyant les populations les plus fragiles. Dans cette optique, des opérations d’urgence seront prochainement déployées dans les domaines de la santé, de l’entreprenariat et de l’inclusion financière. Des domaines d’intervention tout à fait déterminants pour réussir une sortie de crise.

Je souhaite enfin rappeler que le Maroc figure parmi les membres fondateurs de la Banque africaine de développement. Depuis plus d’un demi-siècle, il est un des principaux pays bénéficiaires de l’institution avec un engagement cumulé de plus de 10 milliards de dollars américains, notamment dans les secteurs du développement humain et social, de l’énergie, de l’eau, des transports et de l’agriculture.

Mon message de conclusion est clair : restez à la maison ! Protégez-vous ! Je vous remercie.

RELATED CONTENT

  • Authors
    Kassim Bouhou
    September 17, 2010
    Before the 9/11 events, US-Maghreb relations were growing stronger, especially after the United States had long left the floor to the Maghreb’s “natural” European partner. Therefore the American action in this region was in line with a mechanism previously set off by Clinton Administration member, Stuart Eizenstat, which aimed at reducing intra regional obstacles and stimulating American investments towards an area where Americans were little-represented. Hence Washington seemed mor ...