Climat, migration et sécurité alimentaire: le Nouveau Sud face aux crises multidimensionnelles

Location : Centre de Hassan II Rencontres Internationales

La situation économique et géopolitique des pays du Sud global a toujours opposé les grands paradigmes : d'abord les réalistes en termes de conflits d'intérêts des États (États du Sud), ensuite les libéraux en termes d'interdépendance par le marché (pays en voie de développement) ou par des jeux coopératifs (Tiers Monde), enfin les dépendantistes en termes d'opposition entre le centre et la (ou les) périphérie(s) au sein du système capitaliste mondial. Le Mouvement des non-alignés (MNA, ou Groupe des 77) et l'opposition Nord/Sud, soutenus notamment par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), étaient, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, porteurs de l'unité du Sud, de la périphérie ou du Tiers Monde.

Or, dans un contexte de mondialisation accélérée et de post-guerre froide, le Sud global se devait d’amorcer un travail de réinvention pour qu’il puisse s’imposer dans les nouvelles constellations internationales. L’affirmation de nombreuses puissances émergentes sudistes a largement favorisé l’essor d’un nouveau Sud comme bloc réclamant une meilleure redistribution des pouvoirs au sein de l’architecture internationale, dans un monde en proie à d’importantes recompositions et reconfigurations. Ainsi, les membres du G20, avec un rôle important du Brésil, de l’Argentine, de l'Inde ou de la Chine, se posent comme interlocuteurs face au G7 et se veulent les porte-paroles d’un nouveau Sud. Parallèlement se confirment le poids croissant du nouveau Sud dans les instances multilatérales (notamment aux Nations unies ou à l'OMC) et la montée des BRICS conduisant à un système multipolaire.

Ce cheval de bataille reconduit le débat sur le dialogue entre l’Europe et le nouveau Sud sur les divers sujets constituant la base de la coopération internationale, à l’exemple du défi climatique, la sécurité alimentaire ou le sujet migratoire. Submergée par la guerre d’Ukraine qui a provoqué d’importantes distorsions dans les chaines d’approvisionnement énergétique et alimentaire européennes, et ambitionnant de s’imposer comme troisième pôle de puissance dans un monde en proie à la rivalité sino-américaine qui façonne les relations internationales contemporaines, l’UE appréhende intelligemment son chantier d’autonomie stratégique pour finaliser sa transition géopolitique. Dans cette perspective, un rapprochement entre les deux pôles dans le cadre d’une coopération accrue et d’un dialogue stratégique constructif, ne peut être que bénéfique aussi bien pour l’Europe que pour le nouveau Sud. Le présent panel explore les voies de coopération possible entre l’UE et le Sud global, pour une meilleure gouvernance mondiale, juste, équilibrée et équitable.